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L’arbalète à arc en acier

Les performances des arbalètes médiévales à arc en acier, et notamment leur puissance, restent inégalées jusqu’à l’apparition, après la Seconde Guerre mondiale, de la fibre de verre et autres composites modernes.Ralph Payne-Gallwey, gentleman sportif anglais de l’époque victorienne qui écrivit un traité classique sur l’arbalète, vérifia qu’une grande arbalète de guerre ayant une tension de 1200 livres (550 kilogrammes) envoyait des carreaux de 85 grammes à 420 mètres, et Egon Harmuth, historien de l’arbalète, prétend que la tension de certaines arbalètes pouvait atteindre le double de cette valeur.

La plupart des archers de l’époque utilisaient des arcs classiques de tension inférieure à 45 kilogrammes, et il semble que même leurs flèches légères ne portaient pas à plus de 275 mètres.

Les améliorations possibles des arbalètes en acier n’étaient pas illimitées le poids de l’arc ne pouvait être accru indéfiniment.

Plus les arcs étaient puissants, plus le mécanisme de décochement devait l’être lui aussi. Sur ce plan, les appareils à décocher européens, qui consistaient généralement en une noix sur pivot et une détente à levier simple, étaient nettement inférieurs aux mécanismes chinois incluant un levier intermédiaire plus sensible qui permettait à ‘arbalétrier de décocher sa flèche par une pression sèche sur la détente.

Peu après 1500, des détentes à leviers multiples améliorées apparurent en Allemagne lors de concours de tir; des manuscrits indiquent que, dix ans auparavant, Léonard de Vinci avait déjà imaginé de tels dispositifs dont il avait évalué les avantages mécaniques. Le carreau d’arbalète fut aussi l’objet des soins des fabricants du Moyen Age.

Pour comprendre son évolution, examinons d’abord les forces auxquelles le trait de l’arc est soumis. L’archer est dans une position confortable quand la flèche qu’il va tirer s’étend du centre du thorax à l’extrémité de son bras étendu.

Le pointage se fait cm visant le long du fût dont l’archer positionne les extrémités avec ses mains. Ces extrémités définissent la direction que la flèche doit suivre dès qu’elle est décochée. Les forces qui agissent sur la flèche au moment du décochement ne coïncident cependant pas tout à fait avec la ligne de visée.

La corde relâchée va pousser le talon de la flèche vers le centre de l’arc et non pas strictement le long de la ligne de visée. C’est pourquoi si l’on veut que la flèche ne quitte pas sa ligne de visée, il faut qu’elle fléchisse légèrement au départ.

Cette souplesse indispensable de la flèche de l’arc traditionnel limite la quantité d’énergie qu’on peut imprimer à la flèche au cours de l’accélération. Par exemple, nous avons déterminé qu’une flèche suffisamment flexible pour être utilisée avec un arc sous une tension de dix kilogrammes se rompt quand elle est décochée par une arbalète ayant une puissance de 40 kilogrammes.

Les fabricants ont dû, dès le début, repenser les flèches pour qu’elles correspondent aux arbalètes et aux catapultes. Puisque la surface de l’arbrier faisait mieux coïncider le mouvement de la corde avec la ligne de vol initial et que les systèmes de guidage avaient déplacé la main du tireur, les traits pouvaient être plus courts et plus rigides, ce qui, en retour, les rendait plus aisés à fabriquer, stocker et transporter.

Deux principaux types de traits ont fini par se dégager les carreaux du premier type sont deux fois moins longs que les flèches des arcs traditionnels; ils ont un fort renflement à l’arrière et sont munis d’ailerons trop petits par eux-mêmes pour bien stabiliser la flèche Leur talon est conçu pour s’emboîter dans le cran de décochement.

Les flèches du second type sont dépourvues d’empennage elles n’ont ni ailerons ni plumes. Leur tête métallique constitue environ un tiers de la longueur totale et le fût de bois est réduit au minimum nécessaire pour, qu’en vol, il puisse stabiliser la tête. L’arrière est lui aussi renflé; leur longueur totale ne dépasse pas 15 centimètres.